Entre 1950 et 2017, 9,2 milliards de tonnes de plastique ont été fabriquées dans le monde selon l'UICN. Industrie, agriculture, habillement, matériel médical, ustensiles, matériel informatique, jouets, emballages : le plastique se retrouve dans de nombreux objets. En 2018, plus de 1,130 milliard d'emballages principalement en plastique ont été produits dans la seule Union européenne.


Mais les plastiques ont un effet délétère sur l'environnement et potentiellement nocif pour notre santé. Sur les 120 espèces de mammifères marins inscrites sur la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN, 54 consomment des déchets plastiques ou s'y coincent. Ce n'est qu'un exemple des impacts du plastique sur notre environnement. Pour y remédier, de plus en plus de professionnels et de particuliers se tournent vers les bioplastiques, considérés comme une alternative écologique au plastique tout en possédant ses avantages.


Les bioplastiques sont souvent présentés comme une alternative au plastique conventionnel et polluant. Cependant, ils ne sont pas aussi écologiques qu'ils le paraissent...


Bioplastique ne veut pas dire « plastique écologique ». Il peut poser tous les problèmes environnementaux liés aux plastiques et même soulever de nouvelles questions.


Qu'est-ce que le bioplastique ?


Le bioplastique est un terme général. En réalité, il existe 3 types de bioplastiques :


Plastiques biosourcés


Les plastiques biosourcés sont entièrement ou partiellement composés de matériaux naturels, renouvelables et souvent agricoles. Ce sont des polymères (c'est-à-dire des ensembles de longues molécules) produits à partir d'amidon, de saccharose ou d'huiles végétales. Par exemple, le PLA (acide polylactique) est obtenu par la fermentation du saccharose ou par l'hydrolyse de l'amidon. Autre exemple, le caoutchouc naturel que l'on retrouve dans certains pneus est fabriqué à partir de sève d'hévéa. Les plastiques conventionnels peuvent également inclure des matériaux d'origine végétale, comme le PET (poly-éthylène téréphtalate) qui peut en contenir jusqu'à 30 %.


L'origine de la biomasse de ce plastique est importante. S'il provient de cultures ou de forêts spécifiques, il risque de concurrencer la production alimentaire. Par exemple, si nous cultivons du maïs dans le but de fabriquer des bioplastiques, c'est autant de terres agricoles non disponibles pour cultiver des aliments pour nous nourrir.


Les bioplastiques peuvent également être fabriqués à partir de déchets ou « résidus » organiques (déchets alimentaires, parties non consommées de légumes, déchets de bois divers, etc.) ou encore avec des cultures hors sol d'algues, de champignons, etc.


plastiques biodégradables


Selon la norme européenne EN 13432, un matériau est considéré comme biodégradable s'il se dégrade à 90 % en 6 mois. Il doit également atteindre un haut niveau de désintégration, avoir une faible concentration de métaux lourds et de fluor et ne pas avoir d'effet négatif sur l'écosystème mais la réalité est différente. Tous les bioplastiques (plastiques dérivés partiellement ou entièrement de la biomasse) ne sont pas biodégradables, et certains plastiques biodégradables sont entièrement à base de pétrole. De plus, il produit, en se dégradant, un compost riche en nutriments utiles aux plantes. Mais tous les plastiques biosourcés ne sont pas nécessairement biodégradables. En effet, seuls 40% des plastiques biosourcés sont biodégradables. D'autres cas créent des micro et nanoparticules de plastique qui seront assimilées par les organismes et les cellules.


plastiques oxo-dégradables


Les oxoplastiques ou plastiques oxodégradables sont des plastiques traditionnels qui contiennent des additifs destinés à accélérer la fragmentation de la matière en très petits morceaux, sous l'effet du rayonnement ultraviolet ou de la chaleur. Sous l'effet de ces additifs, le plastique finit par se décomposer en particules de plastique puis en microplastiques qui présentent des propriétés similaires à celles des microplastiques issus de la fragmentation des plastiques traditionnels.


La France a d'ailleurs interdit l'utilisation des sacs plastiques oxo-fragmentables depuis 2015 et étendu cette interdiction à tous les produits plastiques oxo-fragmentables en janvier 2021. Interdit d'utiliser mais pas interdit de produire. Donc en France on peut produire du plastique interdit pour le revendre dans d'autres pays.


Comment se dégrade un plastique ?


La dégradation du plastique (polymère = grosse molécule) est un processus lent (on parle de plusieurs dizaines voire centaines d'années) et normalement plus rapide pour les bioplastiques. Le plastique est d'abord abîmé par la chaleur, l'humidité, les chocs avant d'être réellement agressé par des micro-organismes comme les bactéries (qui ont plus de mal à s'attaquer à une bouteille entière qu'à des parties de la bouteille).


Plus précisément, on distingue :


Fragmentation. Elle est fortement favorisée par les UV. C'est le phénomène observé sur les plages et à la surface des océans où les plastiques deviennent des micro-fragments. En revanche, une fois qu'ils se retrouvent au fond des océans, recouverts de sédiments, ils ne se dégradent presque plus (cas du PE, PET, PVC, etc.). De plus, certains additifs ajoutés aux plastiques limitent la fragmentation.


Biodégradation : sous l'action de micro-organismes (bactéries, enzymes, etc.), le polymère devient finalement du carbone, de l'hydrogène et de l'oxygène. La biodégradation dépend fortement du plastique et du milieu dans lequel il se décompose.


Bioplastiques : bons ou pas ?


Un bioplastique peut être biodégradable mais fabriqué à partir de pétrole. Inverse y, il peut être d'origine végétale mais non biodégradable. En effet, un bioplastique, qu'il soit synthétisé à partir de biomasse ou de pétrole, reste une résine plastique. On peut très bien synthétiser, à partir de végétaux, un plastique identique à celui fabriqué à partir de pétrole. Et la dégradation en microparticules reste un problème


Les plastiques biosourcés ne résolvent pas vraiment les problèmes de toxicité ou de gestion des déchets posés par les plastiques conventionnels.


Les plastiques biodégradables ne sont biodégradables que sous certaines conditions. Souvent, ils se dégradent moins bien en conditions réelles qu'en laboratoire. Surtout lorsqu'ils finissent en mer, milieu où les conditions ne sont pas réunies pour une bonne dégradation.


Nous avons l'illusion qu'il ne s'agit pas de jeter des bioplastiques dans l'environnement. Cependant, dans tous les cas, il ne faut jamais laisser un plastique biodégradable, compostable ou biosourcé dans la nature car ils ne sont pas vraiment compostables sauf s'ils sont en laboratoire et dans des conditions spécifiques.


On a tendance à oublier que l'utilisation de produits jetables est un énorme gaspillage, même lorsqu'ils sont en bioplastique.


Enfin juste un dream (green) washing ?


L'utilisation des terres


Une étude de l'Agence fédérale allemande pour l'environnement a montré que les bioplastiques n'avaient pas un meilleur impact sur l'environnement que les plastiques conventionnels. Leur impact carbone est certes moindre, mais ils ont un impact écologique plus important. C'est la culture et la transformation des plantes nécessaires à la fabrication des bioplastiques qui sont particulièrement en cause. Les plastiques biosourcés sont principalement fabriqués à partir de canne à sucre, de maïs ou de pomme de terre. Selon le Plastic Atlas, il faut 2,39 tonnes de maïs, 0,37 hectare de terre et 2921 m3 d'eau pour fabriquer une tonne de PLA. L'utilisation d'engrais voire d'OGM pour cultiver ces plantes est responsable de l'eutrophisation des milieux aquatiques et de l'acidification des sols, dans une plus large mesure que celles générées par la fabrication des plastiques conventionnels.


Composés toxiques dans le bioplastique


Le bioplastique est souvent présenté comme inoffensif pour la santé humaine. Or, une étude menée par des chercheurs allemands et norvégiens sur 43 produits bioplastiques, a montré qu'ils étaient aussi toxiques que les plastiques conventionnels. Les tests effectués in vitro (sur des cellules et non sur des animaux) ont montré que les deux tiers des produits testés induisaient une toxicité suffisante pour perturber le fonctionnement cellulaire. Les bioplastiques sont donc loin d'être bénins pour notre santé.


Ces composés chimiques, par assimilation et accumulation des produits de dégradation dans les organismes, peuvent traverser l'environnement extra et intracellulaire et devenir cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR).


Conclusion


Le bioplastique est loin d'être la solution miracle promise. Tout au long de son cycle de vie, il génère des impacts environnementaux tout aussi néfastes que son homologue classique. Avec un risque supplémentaire toutefois, à force de le présenter comme écologique et sans risque pour l'environnement, le bioplastique pourrait bien générer un effet rebond et freiner nos efforts pour réduire notre production de plastique. Car c'est la principale stratégie à adopter.


La plupart des bioplastiques ne sont dégradables que dans des conditions spécifiques dans un environnement industriel, donc dans un environnement naturel, c'est tout à fait différent et le plastique s'accumule et pollue.


Si les industriels veulent juste du plastique biosourcé la conséquence sur la déforestation pour la culture, la pollution des sols et l'appauvrissement par les produits chimiques, l'acidification des océans sera importante car la nécessité de produire industriellement la biomasse sera considérable si on continue encore à utiliser et produire du plastique comme ça.


Bien sûr, le plastique a des avantages dont on aurait parfois du mal à se passer, notamment dans le domaine médical.


Mais aujourd'hui, si nous voulons que notre cycle de recyclage fonctionne, nous devons désengorger le système en réduisant drastiquement la production de tous les plastiques.


Cela permettra de nettoier, traiter et dépolluer plus efficacement les zones en plastique et polluées par le plastique et ne les obstruera plus encore.


Nous avons suffisamment de déchets plastiques à traiter pour les réutiliser, nous n'avons donc pas besoin d'en produire davantage.


N'oublions pas que dans le monde seulement 20% de tous les déchets réunis sont recyclés et dans ce chiffre on compte le recyclage "stockage" qui ne fait que repousser l'échéance du problème.


Un problème majeur qui touche toute la biosphère est le processus de dégradation créant des microparticules et des nanoparticules qui vont libérer des produits chimiques dans le sol, l'eau, l'air et les cellules par assimilation moléculaire.


La meilleure solution devrait donc venir des industriels et des politiques pour réduire considérablement la production de tous les types de plastique. Car les différents labels, les différents nouveaux écoplastiques développés par les industriels ne sont qu'un détournement de l'objectif initial qui est de réduire la production de plastique et non de continuer à produire plus, à polluer plus et à s'enrichir en créant des solutions qui ne le font pas. ne sont pas


Les politiciens devraient mettre plus de rigueur dans leur combat politique et civique en édictant des lois claires et efficaces et ne pas jouer sur les mots pour toujours laisser l'opportunité aux industriels de se détourner de leur devoir. (loi : interdire d'utiliser du plastique... mais pas... interdire de produire du plastique. Ils peuvent continuer à produire du plastique interdit pour le vendre dans d'autres pays). (loi contre le plastique à usage unique ... Les industries changent simplement le nom des produits de l'utilisation simple à la réutilisation, mais ce sont exactement les mêmes produits)


Quand je vois tout le travail accompli au quotidien par chacun de vous, simple citoyen, pour mettre votre pierre à l'édifice, nos dirigeants et industries ne peuvent que prendre exemple sur chacun de vous. Il est temps pour eux de revoir leurs priorités et tout un système de production et de consommation.


Les gens ont peur du changement car le système pousse tout le monde à acheter pour être heureux et pour eux c'est sans doute perdre quelque chose ou un repère mais au contraire, changer c'est gagner en équilibre, en confort et en santé.


Pour changer, nous devons prendre le problème à la racine.




Ci-dessous divers échantillon de plastiques dont bio base et biodégradable après un an en compost de chez NATUREMIND-ED






Guillaume Lebout


Sources:

Atlas du plastique

https://ag.tennessee.edu/biodegradablemulch/Documents/oxo%20plastics.pdf

https://ifremer.fr/

https://doi.org/10.1002/anie.201805766

https://news.climate.columbia.edu/2017/12/13/the-truth-about-bioplastics/?fbclid=IwAR3c5jPjPJPHjqx5mfhPuHsrqgA3f3RYmOWqBnlWYDIQetYnGSbvAtwgIMM